miércoles, 14 de marzo de 2012

El albatros

de Charles Buadelaire

Traducción Miriam Badillo


L'Albatros

Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.


À peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d'eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule!
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid!
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait!

Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.


EL ALBATROS


 Acostumbran para entretenerse los marineros
Atrapar albatros, vastos pájaros del mar
Que siguen el viaje, indolentes compañeros,
Del navío que en abismos amargos suele navegar.

A penas los ponen sobre las cubiertas,
Cuando estos reyes del azur, torpes y turbados,
Dejan penosamente sus grandes alas abiertas
Como remos arrastrarse a sus costados.

¡Cómo es endeble y obtuso este viajero alado!
Él, antes tan bello, ¡ahora es cómico y feo!
Su pico con una pipa es fastidiado
Y al paralítico, que antes volaba, imitan con un cojeo.

Al príncipe de los nubarrones el poeta es parecido
Al que se ríe del arquero y de la tempestad es habitante;
Sobre el suelo, en medio de los abucheos, está perdido.
Para caminar son impedimento sus alas de gigante.

Charles Baudelaire, 1859